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Fiches pratiques

Agir pour la prévention du VIH et des IST

Agir pour la prévention du VIH et des IST

Actions d’information et de prévention, distribution de préservatifs, journées dédiées… La lutte contre le VIH et les IST fait l’objet de nombreuses initiatives mais vous souhaitez vous aussi agir pour sensibiliser vos pairs. Cette fiche pratique a pour objectif de vous apporter quelques éléments sur les actions à mener et sur la manière de le faire de façon efficace et raisonnée.


Quelques chiffres

Selon l’agence sanitaire Santé publique France, en 2020 en France,  plus de 180.000 personnes vivaient avec le VIH et 4 900 personnes ont découvert leur séropositivité. Depuis 2019, le chiffre de personnes contaminées tend à diminuer.

De plus, la maladie touche désormais des catégories de la population qui étaient jusqu’alors davantage épargnées. Parmi, les personnes contaminées chaque année, les femmes représentent désormais un tiers de la population. 

« Parmi les personnes qui ont découvert leur séropositivité en 2020, 43% sont des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, 38% sont hétérosexuel·le·s né·e·s à l’étranger, 16% sont hétérosexuel·le·s né·e·s en France, 1,5% sont des usagers de drogues injectables et 1,5% des personnes trans, toutes contaminées par rapport sexuels. » (source Santé Publique France)

Au-delà du VIH, les Infections Sexuellement Transmissibles bactériennes (IST), sont globalement en hausse. Elles désignent également les hépatites B et C, l’herpès, la blennorragie, les chlamydioses, la syphilis, etc. sont en effet en progression depuis quelques années. Là aussi les hommes sont plus touchés que les femmes (131/100 000 vs 55/100 000) et la classe d’âge la plus concernée par la syphilis est celles des 15-24 ans.

Toutefois, certaines IST touchent davantage les femmes, qui sont donc aussi beaucoup concernées par cette questions, notamment les clamydioses. Une prédominance de l’infection est constatée chez les femmes (592/100 000 vs 380/100 000 chez les hommes). Les jeunes femmes de 15 à 24 ans sont les plus touchées (2 271/100 000).


Les causes de la persistance du VIH et des IST

LA DÉSINFORMATION ET L’ABSENCE D’ÉDUCATION 

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces contaminations : les jeunes ont, en grande majorité, débuté leur vie sexuelle après l’apparition des trithérapies pour lutter contre le VIH, ce qui les conduit parfois à penser que le SIDA est une maladie avec laquelle il est possible de bien vivre.

De plus, l’éducation à la santé sexuelle n’est pas toujours dispensée ou peu connue. Par conséquent, les jeunes ne sont pas tout le temps informé⋅e⋅s de toutes ces maladies et ces IST de leur façon dont elles se transmettent.

Le sentiment de ne pas être concerné⋅e⋅s, d’invulnérabilité, des difficultés d’affirmation de soi, la crainte du regard de l’autre, ou encore l’opposition au discours des adultes, perçu comme moralisateur, influencent également les comportements vis-à-vis du préservatif.

LA MULTIPLICATION DES PRATIQUES SEXUELLES À RISQUES

Les soirées, ou tout autre événement festif durant lesquels les consommations d’alcool et de drogues sont fréquentes, constituent des moments où le risque est maximum. Sous l’effet désinhibant de ces substances, il est beaucoup plus fréquent de se laisser aller à une relation sexuelle non protégée. 

D’où l’importance de mener une action de sensibilisation durant votre manifestation et également en amont (sensibilisation aux risques, distribution de préservatifs externes et internes) 

D’autant qu’on sait que les relais d’information « de proximité » (Planning Familial, AIDES, les Centres LGBTI+…) sont les plus efficaces : des jeunes se sentiront souvent plus à l’aise pour parler de sexualité, oser poser des questions qui peuvent parfois sembler taboues, avec d’autres jeunes.


Les moyens de prévention

Or, les solutions les plus connues, les plus simples et les plus accessibles pour éviter l’exposition aux virus et IST sont les préservatifs externes et internes. Et même si l’usage de celui-ci s’est banalisé dans l’ensemble de la population, on constate ces dernières années un début de désengagement face aux comportements préventifs chez les jeunes

C’est pourquoi, encore aujourd’hui il est important d’agir pour la prévention des IST, de sensibiliser sur la protection pendant les rapports sexuels et aussi sur de nouveaux modes de prévention tels que la PREP. 

Qu’est-ce que la PrEP ? En France, la prophylaxie pré-exposition (PREP) est très majoritairement prise par des HSH vivant dans de grandes villes et nés en France. Il s’agit d’un médicament accessible uniquement sur prescription médicale, destinée aux personnes n’ayant pas le VIH. Il est commercialisé et remboursé à 100 % par la Sécurité sociale. D’après les études, il a participé à la baisse de la contamination du VIH en France. 


Former une équipe

Agir pour la lutte contre le VIH/SIDA ne s’improvise pas : il est indispensable que les bénévoles soient correctement formé⋅e⋅s en amont et disposent d’informations fiables sur la maladie, afin de ne commettre aucune erreur dans le message qu’il⋅elle⋅s délivrent. Les fausses croyances et idées reçues sur les modes de transmission du VIH, ou sur les méthodes de prévention, engendrent en effet des comportements inadaptés et risqués.

Selon un Sondage Ifop, mené auprès d’un échantillon de 1001 personnes âgées de 15 à 24 ans, du 5 au 12 février 2016, de fausses croyances perdurent au sein de cette tranche d’âge :

  • 30% estiment qu’iels ont moins de risque que les autres d’être contaminée par le VIH
  • 24% citent d’emblée deux modes de transmission du VIH
  • 22% pensent qu’il existe des traitements pour guérir du sida
  • 20% croient que le sida peut se transmettre en embrassant une autre personne
  • 15% en s’asseyant sur un siège de toilettes publiques.
  • seuls 9% savent que le sida est un stade avancé de l’infection par le VIH

Il est également souvent utile de rappeler que mettre deux préservatifs l’un sur l’autre ne renforce pas la protection (au contraire, cela augmente les risques de déchirure !), ou encore que la fellation et le cunnilingus, sans protection, comportent des risques puisque les bactéries se transmettent par toutes les muqueuses (ainsi que le sang). 

Plusieurs structures peuvent vous être d’un précieux secours pour briefer les bénévoles et leur apporter les compétences nécessaires. 

Des structures et des associations comme Avenir Santé, AIDES, le Mag jeunes LGBT, le Planning Familial, les CeGiDD par exemple,  peuvent ainsi vous proposer des sessions de formations, qui aborderont tant les questions de fond (connaissances sur le sujet) que de forme (comment parler de maladies sans faire fuir tout le monde).

Les Centres Régionaux d’Information et de Prévention du Sida (CRIPS) peuvent également être sollicités. 

Toutefois, même formés, les bénévoles ne sont pas des expert་e་s : pour répondre à des questions pointues, ou pour un accompagnement plus poussé, il reste indispensable d’orienter les personnes vers des professionnel་le་s, au sein de lieux ressources (centres de dépistage, plannings familiaux, associations, hôpitaux, numéros d’appels).


Tenir un stand attractif et ludique

Comme d’habitude, vous devrez vous préoccuper de vous procurer les outils indispensables à toute action de prévention.

PRÉPARER LE MATÉRIEL

Tout d’abord, des préservatifs : là encore, les organismes cités plus haut, pourront vous en fournir ainsi que des dépliants et de guides spécialisés. 

Vous pouvez également passer une commande gracieusement auprès de votre Agence Régionale de Santé (ARS), en contactant le service des actions santé publique et prévention. 

Enfin, si votre événement est d’une certaine ampleur, pourquoi ne pas nouer un partenariat avec une marque de préservatif ?

LA DOCUMENTATION  

Viennent ensuite les affiches, brochures et autres flyers. À Paris, le Kiosque Info Sida mettra à votre disposition une riche documentation. Quelle que soit votre géolocalisation, vous pouvez également vous rendre sur le site d’AIDES, qui dispose d’un large catalogue en ligne proposant des documents d’éducation à la santé, classés par thème et par population cible. Vous pouvez également regarder du côté du CRIPS IDF ici.

Il est parfois possible de télécharger et d’imprimer soi-même ces outils.

L’ANIMATION

Évidemment, il ne suffit pas de déposer des préservatifs et des brochures sur une table pour réussir son action de prévention !

Le succès de votre opération dépendra largement du dynamisme de vos animateur⋅rice⋅s. 

Quelques conseils : sourire, être décontracté⋅e⋅s et si possible amusant⋅e⋅s, aller vers les participant⋅e⋅s plutôt que d’attendre sans bouger derrière son stand.

Évitez également de ne pas les aborder à coups de phrases chocs, moralisatrices et tragiques, essayez de rendre cela ludique, le sujet est déjà suffisamment solennel en soi. 

Autre point essentiel : être soi-même à l’aise avec les questions de sexualité.

Si vous rougissez dès qu’on vous parle de fellation ou de sodomie, votre interlocuteur་rice ne sera pas forcément à l’aise pour poser des questions précises. 

Pensez enfin à recourir à des animations ludiques. Le jeu de la « Magic Box » remporte en général pas mal de succès. Le principe : un sextoy est enfermé dans une boîte, où seules les mains peuvent passer. Chaque participant⋅e essaie alors de mettre un préservatif « dans le noir » en un minimum de temps (qui est chronométré). Des lots loufoques sont remis à chacun⋅e et le⋅la gagnant⋅e se voit remettre un « Certificat professionnel d’enfilage préventif ». 

En termes de jeux aussi, les assos (médico-)sociales ont aussi leurs propres activités ludiques. Cela peut être des Trivial Poursuits version sexualité, un jeu avec une roulotte, quizz/kahoot…

Il est aujourd’hui encore totalement pertinent d’agir pour la prévention du SIDA. Tous les moyens sont bons pour sensibiliser à ces questions notamment auprès des publics étudiants. Il vous suffit simplement d’un peu d’organisation et le tour est joué.