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Fiches pratiques

Organiser une soirée sans alcool

Organiser une soirée sans alcool ? Cela n’est a priori pas très attrayant pour attirer les jeunes étudiant⋅e⋅s, toutefois rappelons que l’alcool est la première cause d’accident de la route en France, en particulier chez les jeunes. De plus, l’alcool n’est pas sans risque pour la santé, et dans les soirées alcoolisées le black out est malheureusement vite arrivé. Nous vous proposons cette fiche pratique pour vous aider à organiser une bonne soirée sans alcool.

Les raisons pour organiser des soirées sans alcool

LES DANGERS LIÉS À L’ALCOOL

Selon des enquêtes régulières, les jeunes ont une consommation d’alcool ponctuelle et souvent excessive qui peut avoir des dégâts à long terme. Les étudiant⋅e⋅s sont les premier⋅ère⋅s concernées par l’abus d’alcool puisqu’il⋅elle⋅s consomment à excès lors des soirées de promo et autres galas festifs organisés sur et hors des campus. C’est pourquoi, l’un des axes majeurs du Plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022 vise les jeunes. 

Or, ces comportements sont dangereux : ils alimentent des dépendances à l’âge adulte, des problèmes de santé et une sérieuse prise de risques sur le moment, causant des dommages au cerveau qui n’est pas encore totalement formé.

Prouver aux étudiant⋅e⋅s qu’il est possible de faire la fête et de s’amuser sans mettre leur santé en danger, contribue à casser l’image sociale associée à l’alcool : boire n’est pas une nécessité, on peut s’intégrer et créer des liens sans. Cela permet également d’éviter directement un certain nombre de risques liés à l’absorption excessive d’alcool. Premier d’entre eux, sans doute le plus connu et reconnu : les accidents de la route au retour de soirée. En effet, un tiers des 15-24 ans tué⋅e⋅s sur les routes décèdent dans les nuits de vendredi à dimanche, réputées les plus festives de la semaine. Mais la liste des dérives éthyliques ne s’arrête pas là : bien que plus rarement évoqués et tout aussi grave : les violences, viols, rapports sexuels non protégés, malaises et comas dus à une consommation excessive constituent des risques réels.

LA FÊTE SANS ALCOOL, C’EST POSSIBLE

Voici donc une série de bonnes pratiques dont vous pourrez vous inspirer pour minimiser la tentation de l’alcool : 

  • Vendre l’alcool par le biais de tickets préalablement achetés, donnant droit à 4 verres d’alcool maximum, le ticket étant poinçonné chaque fois que les noctambules commandent une consommation.
  • Mettre de l’eau et de la nourriture gratuitement à disposition tout au long de la soirée.
  • Vendre moins cher les boissons non alcoolisées, ou, mieux, mettre en place un open soft.
  • Former l’équipe d’organisation de la soirée : les animateur⋅rice⋅s doivent être vigilant⋅e⋅s afin de détecter au plus tôt les personnes ayant un comportement excessif, qu’il⋅elle⋅s inviteront à se reposer dans une salle dédiée. Les barmen/barmaid ont évidemment un rôle clé : pas question de servir un verre d’alcool à quelqu’un qui paraîtrait déjà éméché !
  • Anticiper les retours des participant⋅e⋅s. Vous pouvez prévoir des taxis ou des navettes, ou encore mettre en place un dispositif « conducteur⋅rice sobre » et désigner un Sam.


Les deux types de soirées sans alcool

Faire comprendre aux étudiant⋅e⋅s que l’on peut faire la fête sans alcool représente aujourd’hui un vrai défi pour les écoles, universités et associations de prévention. Pour y parvenir, deux types de soirée sans alcool sont possibles. 

LES SOIRÉES RESPECTANT LES CRITÈRES DE L’OMS

Les Grandes écoles sont, et de loin, les plus touchées par ces beuveries estudiantines. Ce sont elles qui organisent près d’un tiers des soirées étudiantes de l’hexagone. Des soirées bien souvent sponsorisées par des grandes marques d’alcool. Ce sont elles également qui détiennent le triste record des plus grand⋅e⋅s buveur⋅se⋅s : 45,5 % des étudiant⋅e⋅s de Grandes écoles déclarent boire au moins une fois par semaine. Deuxièmes sur la liste, les apprenti⋅e⋅s médecins arrivent derrière avec 23 % de buveur⋅se⋅s régulier⋅ère⋅s.

Pour combattre ce mal, la Conférence des Grandes écoles (CGE) a décidé de réagir. Persuadée qu’il ne sert à rien d’interdire totalement la boisson, puisque les étudiant⋅e⋅s s’empresseraient d’aller s’enfiler quelques verres au bar du coin avant de faire la fête sur le campus, Hervé Biausser a mis en place une charte d’engagement visant à limiter la consommation d’alcool au sein des soirées étudiantes. Il s’agit en résumé de respecter les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), soit quatre verre pour les hommes et deux pour les femmes. Des quantités qui représentent en général  l’apéritif. Concrètement, il s’agit alors de surveiller la consommation lors du service : les étudiant⋅e⋅s se voient remettre une petite carte, poinçonnée pour chaque boisson commandée. Une fois le quota dépassé, plus moyen de commander autre chose que du soft. 

LES SOIRÉES 100 % SANS ALCOOL

Depuis quelques années, fleurissent d’autres « soirées 100% sans alcool » qui, comme vous l’aurez compris, ne proposent aucun alcool. Ces soirées baptisées « Clean Party », « Lunch Beat » ou encore « Sober Party” ont fait des émules dans plusieurs pays d’Europe. Elles sont strictement réglementées : dès l’entrée de la boîte de nuit, les client⋅e⋅s sont prié⋅e⋅s de souffler dans un éthylotest et le test doit être négatif pour rentrer.. Une fois à l’intérieur ne sont servies que des boissons sans alcool, faux champagnes ou cocktails de fruits. Donnez-leur de noms originaux pour rendre cela amusant lors de la commande. Si vous le pouvez, rendez les prix attractifs et beaucoup moins chers que les boissons alcoolisés : les portefeuilles des étudiant⋅e⋅s seront, eux aussi plus contents à la fin de la soirée. 

Cette tendance s’est beaucoup répandue autour de 2015 pour diminuer depuis peu. Il ne tient qu’à vous de relancer la dynamique ! 



Proposer des animations


Comment faire en sorte que les étudiant⋅e⋅s s’amusent en soirée sans alcool ? Tout simplement en proposant des animations qui leur permettent, comme lorsqu’il⋅elle⋅s sont alcoolisé⋅e⋅s d’être à l’aise avec leur corps, leur donner envie de danser, de rencontrer des personnes, etc.  

Par exemple, vous pouvez organiser du speed dating, moyen ludique de rencontrer de nouvelles personnes, ami⋅e⋅s ou plus si affinités. De même, pour les inviter et éventuellement les décomplexer à danser, initier un petit cours de danse collectif. De nombreuses activités permettant de rehausser son estime de soi peuvent également être programmées : activités de coiffure, de maquillage, etc. Vous pouvez aussi proposer des séances photos en proposant des accessoires drôles et décalés pour qu’il⋅elle⋅s puissent prendre des photos en groupe en s’amusant.  Pour animer la fête, n’oubliez pas des  DJ et des concerts live. 

Toutes ces animations ne sont bien sûr qu’un exemple de ce qui peut être proposé pour égayer la soirée. De nombreux concepts de fêtes peuvent être imaginés pour distraire les étudiant⋅e⋅s : dégustation, soirée plage avec cocktails sans alcool, concours de danse ou karaoké, soirée à thème, etc. Votre but : réussir à créer de l’ambiance sans avoir recours au classique subterfuge de la boisson alcoolisée. 


Faire de la prévention

Comme vous organisez déjà une soirée sans alcool, organiser des actions de prévention ludiques. Misez ainsi plutôt sur des stands de jeux permettant de montrer les dangers de l’alcool sans pour autant agacer les jeunes venu⋅e⋅s faire la fête. 

Proposez par exemple une voiture carton, simulant les accidents de voiture, ou des parcours sur un tapis mouvant qui permettent de se rendre compte, à jeun, des effets de l’alcool. Il existe également des karts, truqués afin de rendre leur contrôle plus difficile : comme conduire une voiture avec trois verres dans le nez, en somme…

Toutes ces activités montreront aux étudiant⋅e⋅s l’état dans lequel il⋅elle⋅s se seraient trouvé⋅e⋅s si le bar servait de l’alcool à foison. De quoi les alerter sur les dangers de l’alcool, sans pour autant tomber dans un discours moralisateur qu’il⋅elle⋅s redoutaient peut-être en se rendant à une soirée de ce type.

Organiser sa soirée dans un lieu attractif

Outre les animations et la qualité des softs proposés au bar, trouver un lieu original et attrayant peut constituer une troisième voie pour inciter les étudiant⋅e⋅s à se rendre à votre soirée. Si celle-ci se tient dans l’un des locaux de votre fac ou école, misez sur une déco hors norme : lumières et néon, décors soignés, tables et chaises disposés de manière à proposer des espaces chaleureux… L’atmosphère que vous parviendrez à créer sera un atout majeur pour persuader les étudiant⋅e⋅s de rester à votre fête.

Si vous choisissez de louer ou de vous faire prêter, pour l’occasion, une salle en ville (discothèque, théâtre, bar, etc.) choisissez un lieu original, ou bien, dont la réputation suffira à motiver les étudiant⋅e⋅s. Mais attention, persuadez le⋅la propriétaire des lieux que la soirée sera rentable n’est pas toujours facile. Il faudra alors le⋅la solliciter en lui montrant une liste solide de partenaires. Cela peut déjà vous permettre de gagner du terrain en faisant valoir que d’autres vous font confiance. Proposez ensuite une estimation de fréquentation, que vous pourrez établir en fonction de votre public cible, du nombre de personnes touchées par votre communication. 


Trouver des partenaires

Rassurez-vous, en dehors des marques d’alcool, votre projet a de quoi séduire plus d’un⋅e financeur⋅se. 

Du côté de l’université d’abord : nombreuses à saisir le problème de consommation excessive de leurs étudiant⋅e⋅s, elles seront sans doute ravies de pouvoir prêter leurs logos et deniers à une association souhaitant promouvoir des soirées sobres. 

Idem du côté de la Ville et de la Région qui voudraient voir chuter le nombre d’accidents de la route au sortir des fêtes estudiantines. 

Ce concept de la soirée peut également trouver un certain succès auprès des financeur⋅se⋅s de projets liés à la sécurité routière et à la prévention alcool (Missions départementales sur la lutte contre les drogues et toxicomanies, etc.). 

Enfin, ne négligez pas les dons en nature. Attirées par le concept et ravis de pouvoir associer leur logo à des soirées comme celle-là, certaines entreprises prestataires peuvent accepter de revoir leurs tarifs (très) à la baisse, voire de devenir des partenaires à part entière du projet.


Communiquer sur votre soirée

Un flyer annonçant votre soirée « zéro alcool » peut faire fuire l’étudiant⋅e lambda. Il faudra donc essayer d’imaginer une communication un peu plus originale pour le⋅la convaincre. Première mise au point : inutile de passer sous silence l’aspect sobre de votre soirée ou de reléguer cette mention en caractère 8 en bas de l’affiche, les participant⋅e⋅s finiront bien par s’en rendre compte et vous perdrez alors toute crédibilité. Vous pouvez en revanche concevoir vos documents de manière à mettre d’autres aspects plus attractifs en valeur : les activités proposées, le lieu, etc.

S’il s’agit d’une soirée de promo ou que vous vous adressez à un public ciblé, n’hésitez pas à mobiliser quelques bénévoles pour distribuer les flyers : ce sera l’occasion de discuter un moment avec les étudiant⋅e⋅s, de leur expliquer votre idée et de les convaincre de vive voix de l’intérêt de venir.

Si vous visez un public plus large, prévoyez un budget communication conséquent afin de toucher un maximum de personnes. Là encore, vous pouvez obtenir des tarifs préférentiels pour un affichage en ville ou dans les réseaux de transport en commun en démarchant les acteur⋅rice⋅s responsables de ces emplacements et en leur expliquant votre concept.

En conclusion, la démarche n’est pas forcément la plus facile à entreprendre, toutefois, elle est importante pour la sécurité et la santé de vos camarades étudiant⋅e⋅s. De plus, en tant qu’organisateur⋅rice cela permet de solliciter votre imagination afin de créer une soirée des plus originales.