Engageons 2017

En France, 2017 était une année charnière, avec une campagne présidentielle et une campagne pour les élections législatives. Animafac s’est mobilisé durant toute l’année pour mettre en avant l’engagement.

A cette occasion, le réseau a porté devant les candidates et candidats aux différentes élections des propositions.

 

 

Nous avons demandé à notre réseau de répondre à ce que nos membres pensaient de l’engagement, parce que Animafac ne se construit que par la parole de ses associations.

Engageons 2017 c’était aussi l’occasion de grandes rencontres inter-associatives, dont une table ronde à retrouver ici donnant la parole à des jeunes engagées et engagés en présence de Thomas Hercouet et Cyrus North.

Reconnaissance de l’engagement

En 2017 nous proposions de généraliser le statut de responsable associatif, avec la reconnaissance de la part des institutions d’enseignement des engagements des jeunes dans leurs associations.

Nous portions aussi des messages de considération du bien-être étudiant au sein des établissements, et nous continuons de porter ce message au travers de nouveaux projets.

Notre volonté était, et demeure, de renforcer la considération de l’engagement étudiant dans la diplomation.

Animafac portait le message de renforcer la reconnaissance du Service civique, en confortant une distinction entre ce parcours et un emploi, et en renforçant l’encadrement afin d’assurer une meilleure qualité du suivi pour les jeunes. Le Service civique a pris une autre dimension depuis 2017, et Animafac continue à porter des plaidoyers afin de poursuivre dans cette direction.

Le Compte Engagement Citoyen (CEC) était nouvellement créé, il est aujourd’hui une pierre angulaire de la reconnaissance de l’engagement qui soit à la hauteur de l’expérience du salariat. Des points sont désormais attribués pour continuer la formation grâce aux heures de bénévolat dans les associations.

La gouvernance des campus

En 2017, Animafac portait des projets de meilleures gouvernances des campus, en laissant plus de place aux étudiants et étudiantes sur les aménagements. Désormais des budgets participatifs ont vu le jour dans plusieurs universités, avec des consultations plus fréquentes des premiers usagers de ces campus.

Dans cette dynamique, et dans un but de développer des campus plus respectueux de l’environnement Animafac a porté dès 2017 des recommandations de clauses d’impact environnementales, avec des évaluations des pratiques mais aussi des campus mieux aménagés avec un meilleur accès au numérique.

Depuis 2017, Animafac porte des messages similaires de reconnaissances des volontés étudiantes dans le développement des campus, et l’impact des changements continue de se noter dans les campus.

L’argumentaire d’Animafac

 

Dans le cadre des élections présidentielle et législative de 2017, Animafac a choisi de porter la parole des jeunes engagé.e.s au cœur du débat public. En collaboration avec nos associations membres, nous avons élaboré un certain nombre d’idées destinées à encourager la construction d’une véritable société de l’engagement.

 

Lever les freins à l’engagement

 

Malgré des avancées significatives ces dernières années, l’engagement est encore parfois mal compris voire considéré comme concurrentiel aux études. Pour autant, les recherches montrent l’impact particulièrement structurant de l’engagement dans les parcours de vie des individus et ses effets positifs sur la réussite éducative.

Aussi, au coeur de ces propositions se trouve un double enjeu : aller plus loin dans la reconnaissance de l’engagement, mais sans le faire de façon paternaliste ou condescendante. En effet, à l’heure où les politiques de jeunesse cherchent à se saisir des questions d’engagement, il semble nécessaire d’être prudent.e et de faire en sorte que l’engagement reste appréhendé/considéré comme un espace d’expérimentation et d’émancipation.

À l’école

L’école, parce qu’elle réunit toute une génération en un temps et autour des mêmes objectifs, est un levier décisif dans la construction d’une société de l’engagement, notamment parce que la fibre d’engagement se développe durant cette période de la vie de manière durable. Par ailleurs, nous savons que le système éducatif français est connu pour sa rigidité et son injonction à des parcours linéaires, il ne laisse que peu de place aux expériences extra-académiques. Nous avons donc fait des propositions afin de voir ces fameuses expériences non-formelles être mieux reconnues et mieux valorisées.

Permettre aux élèves d’être acteur.trice.s de la vie de leur établissement et de leurs engagements

Nous proposons de :

  • Créer un budget géré par les élèves permettant de financer des projets collectifs. Ce budget équivalent au FSDIE serait mis en place dans les collèges et les lycées afin que soient financés des projets collectifs. Ce fond serait géré par les élèves, ce qui aurait le mérite de les mettre en responsabilité très tôt.
  • Permettre aux élèves de prendre part aux décisions de leur établissement. Consulter les élèves, grâce au numérique par exemple, sur les grandes orientations du projet d’établissement ou sur les décisions liées à la vie de l’établissement. Là encore, il s’agit de placer les élèves au coeur des décisions qui concernent les grandes orientations prises par leur établissement afin, d’une part, qu’ils comprennent comment fonctionne un établissement scolaire et, d’autre part, de placer les élèves en posture d’acteurs et non plus d’usagers.
  • Instaurer des budgets participatifs dans les établissements scolaires. Les budgets participatifs prennent une place de plus en plus importante dans les politiques publiques de certaines villes. L’objectif est de développer des méthodes de démocratie participative très concrètes puisque les citoyen.ne.s peuvent proposer des projets pour leur ville et/ou soutenir les projets proposés par d’autres qui semblent pertinents. Créer des budgets participatifs dans les établissements scolaires permettrait, d’une part, aux élèves de bien comprendre le fonctionnement budgétaire de l’établissement et d’en savoir plus sur les coûts réels de certains projets et, d’autre part, de faire que les élèves se sentent mieux appartenir à leur établissement, capables de proposer des choses concrètes.

 

Mieux articuler éducation académique et expériences extra-académiques

Nous proposons de :

  • Rendre possible un vrai droit d’association des mineurs. L’article 2bis ajouté à la Loi 1901 en 2011 restreint le droit d’association des mineurs en renforçant un contrôle parental qui existait déjà de fait et en empêchant les mineurs de moins de 16 ans de créer leur association. Si la Loi Égalité & Citoyenneté assouplit l’article 2bis, elle ne remet pas complètement en cause son existence. Pour cette raison, en soutien au Réseau National des Juniors Associations (RNJA), il semble nécessaire de revenir sur l’existence de cet article afin d’affirmer la confiance des élus vis à vis des plus jeunes.
  • Consacrer un certain nombre d’heures de cours à des projets collectifs. A l’image des actions menées par le Parlement Européens des Jeunes qui co-construit régulièrement avec des lycéens des projets variés sur des questions de démocratie, d’Europe et de citoyenneté.
  • Faire évoluer les cours d’éducation morale et civique vers des formations d’éducation active. Cette démarche permettra de croiser les expertises de l’éducation nationale et de l’éducation populaire
  • Proposer une valorisation académique aux élèves qui participent à un projet associatif ou citoyen. A ce titre, le livret citoyen annoncé par François Hollande peut être un outil d’accompagnement des élèves dans l’identification et la valorisation des compétences et savoirs acquis durant leurs expériences non formelles.

 

À l’université

Depuis quelques années, l’université reconnaît et valorise mieux les engagements des étudiants. Pour autant, de nombreux freins peuvent être encore levés. En effet, nous savons que l’engagement a un impact extrêmement positif sur les parcours de vie des individus et, de façon plus concrète, impacte positivement le sentiment d’intégration des étudiant.e.s à leur établissement mais aussi leur réussite éducative. Par ailleurs, si la loi Egalité et Citoyenneté envoie un signal positif en matière de reconnaissance de l’engagement en contraignant les établissements d’enseignement supérieur à valoriser, par le biais de crédits ECTS, les expériences extra académiques des étudiants, cela est loin d’être suffisant.

Faciliter et reconnaître les expériences d’engagement

Nous proposons de :

  • Généraliser le statut de responsable associatif.ve étudiant.e. En effet, Animafac a expérimenté avec succès la création d’un statut de responsable associatif étudiant à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 et à l’Université de Clermont-Ferrand, statut qui permet, outre une reconnaissance institutionnelle de l’engagement, un aménagement de scolarité afin de rendre compatible formation académique et expériences d’engagement. L’évaluation de l’expérimentation, très positive, met en exergue un besoin de reconnaissance de la part de l’institution des étudiant.e.s exerçant des responsabilités associatives.
  • Intégrer aux classements des universités des critères liés à leurs politiques de vie étudiante et de vie de campus. Les classements des universités reposent principalement sur des critères de recherche, parfois de formation. Afin de faire de la vie de campus un sujet central, il semble pertinent qu’elle soit un des éléments de classement des universités françaises. Le sentiment d’intégration des étudiant.e.s, le bien être, les équipements et événements proposés, la reconnaissance de l’engagement, pourraient être des indicateurs d’une vie de campus dynamique. Ce n’est que par une prise en compte au sein des classements incitatif que des changements culturels de grande ampleur se produiront.

 

Mieux articuler formations académiques et expériences non formelles

Nous proposons de :

  • Créer des diplômes mixtes voire blancs (voir encadré). Nombreux sont les espaces d’apprentissage qui pourraient mener à une diplomation, le tout associé à quelques enseignements obligatoires et à une logique de mentorat pour accompagner les étudiant.e.s dans la construction de leur parcours.
  • Renforcer le lien entre universités et associations dans l’élaboration des diplômes. Créer des diplômes co-gérés par une université et une association afin de mieux articuler les compétences académiques nécessaires à l’obtention d’un diplôme et les compétences extra académiques acquises grâce à de la pédagogie par projet. La co-construction de maquette de diplôme entre des structure de la société civile et le monde académique permettrait de mieux faire dialoguer des univers qui se côtoient assez peu. Mais cette rencontre permettrait de mieux appréhender l’articulation entre les savoirs académiques et les compétences acquises par des expériences extra-académiques.

 

Réussir la généralisation du service civique

Le service civique est un outil formidable au service de la société de l’engagement que nous appelons de nos voeux, à condition que celui-ci reste volontaire et de qualité.

Pour cela, nous proposons de :

  • Impliquer davantage les territoires dans la mise en oeuvre du service civique. Mettre en place une gouvernance territoriale pluri-acteurs du dispositif au niveau régional et départemental. Les espaces de co-construction ainsi créés seront autant des lieux d’acculturation que d’évaluation collective de la mise en oeuvre du dispositif sur un territoire.
  • Conforter la distinction entre service civique et emploi. Assumer des choix forts en renforçant les éléments qui distinguent un Service civique d’un emploi (interdire les recours au CV et à la lettre de motivation dans les démarches de recrutement des volontaires ; replacer la formation civique et citoyenne comme un élément central du dispositif ; faire des 24 heures sur l’ensemble de la mission la règle plutôt que l’exception).
  • Renforcer la collaboration de tous les acteur.trice.s pour assurer la qualité des services civiques. Créer un dispositif paritaire qui engage tous les acteurs du Service civique dans une démarche de qualité, en s’inspirant de la philosophie du F3E.

 

Développer et approfondir le Compte personnel d’activité pour une reconnaissance de l’engagement tout au long de la vie

Le compte personnel d’activité, récemment créé, dessine une nouvelle conception du système social français. Il reconnaît l’activité au sens large et avec son volet compte engagement citoyens (CEC) inscrit la reconnaissance de l’engagement à un niveau équivalent à celui du salariat. Ainsi l’activité bénévole ouvre des droits sociaux au même titre que le travail salarié. Si le compte engagement citoyen se restreint pour le moment à l’octroi de points pour la formation et à la reconnaissance des formations associatives et citoyennes, il institue une logique qui peut être largement approfondie afin de lever les freins à l’engagement tout au long du parcours de vie.

Nous souhaitons donc proposer des pistes pour étendre le dispositif et renforcer sa capacité d’accompagnement de l’engagement, à travers :

  • La conversion des points accumulés au sein du CPA en points CEC
  • L’extension des droits ouverts par l’accumulation des points du CEC :
    • Alimenter un compte “congé – césure engagement rémunéré”
    • Donner droit à des formations associatives au même titre que professionnelles
    • Bénéficier de services associatifs favorisant l’engagement à travers des chèques associatifs (crèches collectives, accompagnement à un projet associatif, participation à des évènements associatifs etc.)
    • Octroyer une aide pour la création et / ou la reprise de projets associatifs
  • L’intégration au CEC d’un référentiel de compétences et un outil de validation d’acquis de compétences (permet de valoriser aussi bien les compétences que le cadre d’apprentissage)

De telles mesures permettraient de faire émerger un nouveau modèle social qui placerait l’engagement bénévole, et le fait associatif au même niveau que le travail salarié. Il s’agit d’une reconnaissance de l’activité au sens large et plus particulièrement une reconnaissance de l’apport “social” des engagements qui passe souvent au second plan par rapport à l’apport du travail marchand.

Les campus, lieux de la société de l’engagement

Les campus sont une brique de cette société de l’engagement que nous souhaitons contribuer à construire. Comment ces derniers peuvent-ils être des lieux d’innovation, ouverts sur le territoire et s’appuyant sur leurs étudiants comme une ressource ?

La gouvernance sur les campus

Les campus sont les espaces d’évolution “naturels” des étudiants. Dès lors, il semble inconcevable que ces derniers ne soient pas davantage partie prenante de la gouvernance de ces campus.
Nous proposons de :

  • Créer un budget participatif étudiant dans chaque établissement. L’enjeu ici, comme pour les établissements scolaires, est de permettre qu’une somme abonde ce fond de sorte à ce que les étudiants puissent proposer des projets d’aménagement pour leur campus mais aussi soutenir les projets proposés qui leur semblent répondre à leurs besoins.
  • Essaimer la logique de consultations étudiantes. En 2015-2016, Animafac et l’Université Sorbonne Paris Cité ont expérimenté une nouvelle méthode de démocratie participative. Ces consultations étudiantes se veulent très qualitatives : des étudiants (entre 15 et 20) travaillent pendant plusieurs jours (2 ou 3 jours) sur une thématique précise à propos de laquelle l’université souhaite connaître l’avis de ses étudiants. Les étudiants sont accompagnés pendant ces quelques jours, se documentent sur l’existant, rencontrent des experts capables de les aider à imaginer de nouvelles choses, etc. A l’issue de ces quelques jours, les propositions sont remises à la présidence de l’Université qui s’engage à y répondre et à justifier les réponses.
  • Développer les démarches multi acteurs. En effet, quand cela est possible et pertinent, il est intéressant de proposer des programmes co-gérés entre un service de l’université et une association étudiantes/les étudiants

 

Des campus durables

Nous proposons de :

  • Créer une clause d’impact environnemental. Elle consistera à évaluer systématiquement l’impact sur l’environnement des projets votés en Conseil d’Administration des établissements d’enseignement supérieur. Cette proposition s’inspire de la clause d’impact jeunesse. L’idée ici est de faire en sorte que les décisions soient prises en connaissance de cause, à court, à moyen et à long terme.
  • Créer des tests de connaissances et de compétences sur le développement durable. En effet, s’il semble évident que tout diplômé de l’enseignement supérieur doit posséder un certain nombre de compétences en informatique, le fait d’imaginer qu’il doive aussi posséder des compétences basiques sur le développement durable ne semble pas absurde. En proposant cela, les universités contribuent à proposer des outils aux citoyens que sont leurs étudiants.
  • Instaurer un référent développement durable dans tous les établissements d’enseignement supérieur et de recherche.

Des campus connectés

Le numérique bouscule le fonctionnement des universités en transformant les lieux et les méthodes d’apprentissage. Cette transition numérique est l’occasion de faire en sorte que les étudiants deviennent véritablement acteurs de leur université.

Nous proposons de :

  • Développer dans les universités des tiers-lieux numériques ouverts sur leur territoire. L’objectif est de permettre aux étudiant.e.s de développer leurs projets pédagogiques, associatifs et entrepreneuriaux mais aussi de favoriser l’apprentissage et le développement d’une culture numérique.
  • Encourager dans les universités des actions d’éducation au numérique par les pairs. L’enjeu est de former les étudiants non seulement aux usages mais aussi aux enjeux du numérique. L’université a d’ailleurs la possibilité de créer des missions de Service civique sur le thème de l’éducation au numérique.
  • Faire du numérique un levier au service d’une gouvernance plus inclusive. Le numérique est un moyen d’intégrer plus largement les étudiants à l’élaboration des projets de l’université, par exemple à travers des consultations étudiantes en ligne.

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