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Fiches pratiques

Créer une émission radio de vulgarisation scientifique

Peu onéreuse, accessible et permettant de toucher un public large, la radio peut être un média intéressant pour les associations. Peut-être encore plus que les supports écrits, les radios associatives peuvent proposer un espace d’expérimentation, de découverte et de vulgarisation de la culture scientifique à destination du plus grand nombre. Les podcasts, de plus en plus écoutés sont également un bon moyen de diffuser directement votre contenu radiophonique. Si vous vous sentez attirées par les expériences sonores et que vous souhaitez créer une émission radio de vulgarisation scientifique, voici quelques conseils pour vous aider à concevoir votre émission.


Trouver le matériel et la plateforme de diffusion

Vous souhaitez diffuser des savoirs par le biais de la radio, la première chose est d’avoir le matériel pour enregistrer votre émission. Deux possibilités s’offrent à vous. 

Soit, vous pouvez proposer une émission à une radio existante, auquel cas, pas de matériel nécessaire mais plutôt un démarchage auprès des radios, qui vous prêteront leur studio et/ou leur matériel. 

Si vous choisissez cette option, proposez votre émission aux radios étudiantes et locales de votre ville. Elles pourront sûrement être intéressées par votre thématique, voire votre format si celui-ci n’est pas déjà présent à l’antenne.

Soit, vous souhaitez créer votre propre émission.  

Dans ce cas-là, il vous faudra un peu de matériel pour enregistrer votre contenu. Plusieurs options se présentent alors à vous. Vous pouvez soit emprunter du matériel soit vous acheter un matériel d’enregistrement si vous n’en avez pas déjà. On entend par là, au moins un micro d’enregistrement

Certains établissements d’enseignement supérieur proposent la location ou le prêt de matériel notamment lorsqu’ils proposent des enseignements de journalisme, communication ou cinéma. 

Ensuite, il vous faudra un moyen de diffuser votre contenu. Pour cela vous pouvez avoir recours à une plateforme pour diffuser votre contenu (radio en ligne, chaîne YouTube) que vous pouvez créer vous-mêmes ou bien en étant diffusé⋅e⋅s grâce à d’autres structures partenaires. 


Trouver le format et varier les contenus

DÉFINIR LE FORMAT 

Avant de vous lancer, il peut être utile de déterminer au préalable à quoi ressemblera votre émission : 

Format, périodicité, créneau horaire :

  • Une émission courte et quotidienne à l’image d’une chronique humoristique ou percutante ? 
  • Une émission un peu plus fournie mais hebdomadaire ? 
  • Souhaitez-vous prendre le temps de réaliser une émission plus longue et plus dense une fois par mois ? 

REJOINDRE UNE ANTENNE

Les radios associatives sont nombreuses et beaucoup permettent d’accorder les envies de leurs bénévoles aux contraintes d’une grille d’antenne. Contrairement aux radios « commerciales », les associations peuvent se permettre de laisser du temps à la parole (les podcasts et les webradios augmentent encore cette liberté et vos possibilités). 

Néanmoins, cette liberté peut être contrainte suivant les radios, soit de par leur ligne éditoriale, soit parce que peu de plages horaires sont disponibles puisque déjà prises par les autres émissions. Il vous revient alors de vous adapter.

CRÉER UNE NOUVELLE ÉMISSION

Si vous vous lancez dans l’aventure de créer une radio entière, voici quelques conseils.

Varier les formes et les séquences 

Une fois le format, la périodicité et le créneau horaire définis pour votre émission dans sa globalité, il vous faudra déterminer plus précisément son séquençage.

En fonction de sa longueur par exemple, il est conseillé de proposer plusieurs séquences pour varier le rythme. Les formats possibles sont entre autres :

  • Le reportage : le monde est vaste à l’extérieur de votre studio. Laissez fureter votre micro dans les conférences, colloques ou autres expositions scientifiques. Des sons d’ambiance et des réactions de participantes permettront de restituer l’essentiel de ces événements à votre public.
  • Le documentaire : forme de reportage, son objectif est alors de proposer à l’auditeurrice une immersion dans un sujet en développant une ambiance sonore et une narration propres. 
  • La chronique : peut prendre de multiples formes : 
    • la critique d’un ouvrage. Pour éviter de tomber dans la note de lecture académique, pensez à la présenter sous la forme d’un dialogue. Deux personnes confrontent leur lecture d’un même ouvrage ou présentent deux ouvrages complémentaires. Cela rythmera la chronique plus naturellement que lors d’un monologue ;
    • le rendez-vous thématique. Il peut être consacré à une date historique (ex : pour une émission du 26 novembre, expliquer ce qu’il s’est passé dans l’histoire à cette date), à un chiffre, un concept… Là encore, votre imagination est la seule limite.
  • Le billet : d’une forme proche de la chronique, il introduit une notion d’opinion. Lela chroniqueurse donnera ainsi son avis sur des enjeux et des débats scientifiques et de recherche actuels. 

En résumé, les formes sont multiples, à vous d’inventer vos propres séquençages pour votre émission. 

Une démarche scientifique doit vous guider : observez (ce qui se fait ailleurs et ce dont vous souhaitez vous inspirer), expérimentez et tirez-en vos conclusions. 


Gérer le rythme de l'émission

Dans votre émission, il sera important de gérer les différents temps la rythmant. 

Parfois, il vous faudra aménager des temps longs, notamment lors d’un entretien ou d’un reportage, pour laisser la possibilité aux personnes intervenantes d’exprimer et de développer un propos. Évitez toutefois qu’ils soient trop longs.

Par ailleurs, si vous êtes en direct, pensez à bien préparer vos questions pour conduire l’échange et éviter les apartés trop longs. 

Si vous pouvez diffuser des interviews plus longues lors d’une diffusion postérieure à l’enregistrement, par exemple dans le cas d’un podcast, n’hésitez pas à couper les propos qui seraient répétitifs. 

En revanche, les introductions et les conclusions peuvent être plus courtes et plus synthétiques. 

Pensez aussi à l’auditeur∙rice qui rejoint l’émission en cours et ne sait pas où il∙elle se trouve et ce qui s’y dit. Pour éviter cela aménagez des « respirations » qui permettent de situer l’émission et de reprendre son souffle. Elles peuvent prendre la forme de « virgules sonores », de jingles, de pauses musicales en lien avec le thème ou choisies par l’invité∙e, d’extraits d’archives ou d’œuvres artistiques, de brefs résumés synthétiques… Bref, à vous de faire preuve de créativité.


Trouver un ton

Comme pour la vulgarisation écrite, le ton est votre marque de fabrique. Il est difficile d’expliquer entièrement des concepts scientifiques qui peuvent être des sujets de thèse lors du temps d’une chronique voire même d’une émission entière. 

Le but est d’éveiller la curiosité en présentant les grandes lignes et en donnant envie aux gens d’en savoir plus et non pas de faire dans l’exhaustivité académique. 

Ainsi, sans être une obligation, le recours à l’humour ou à un ton léger dans le choix des thèmes de l’émission ou le traitement, peut permettre de captiver l’auditeurrice et faciliter la transmission des connaissances. Vous pouvez également adopter un ton plus « littéraire » et vulgariser en jouant sur les métaphores ou en ayant recours à des exemples du quotidien.


Mener un entretien

INTERVIEWER LES CHERCHEUR∙SE∙S ET DOCTORANT∙E∙S DE VOTRE ÉTABLISSEMENT

Vous ne le savez peut-être pas mais en tant qu’étudiante⋅s, vous bénéficiez d’un avantage certain pour la réalisation de votre émission : vous croisez tous les jours sur votre campus des chercheur∙se∙s et des doctorant∙e∙s, véritables mines d’informations et d’anecdotes qui nourriront votre programmation scientifique. Tirez donc parti de votre situation dans les établissements d’enseignement supérieur pour rencontrer les personnes qui produisent les connaissances et qui sont donc les mieux placées pour les transmettre.

L’invitation dans une émission de radio peut leur permettre de présenter leurs travaux passés, en cours ou à venir,  d’expliquer concrètement quels sont les moyens à leur disposition pour mener à bien leurs recherches. Cela pourrait intéresser des étudiantes qui souhaitent se destiner à cette carrière. 

CROISER LES DISCIPLINES 

Enfin, n’hésitez pas à croiser les disciplines, il peut être intéressant d’interroger différents domaines de recherches et donc d’inviter plusieurs personnes. Par exemple, sur la thématique du genre, vous pouvez envisager d’inviter des enseignantes-chercheurse∙s et des doctorant∙e∙s de disciplines différentes mais s’appuyant toutes sur les études de genres. Vous pourriez ainsi croiser la littérature, le cinéma, la communication. Cela pourra enrichir l’échange et intéresser des personnes aux profils différents. 

JOUER LE RÔLE DE MÉDIATEUR⋅RICE

Les sujets abordés par les différentes expertes que vous inviterez peuvent intéresser des personnes qui ne se spécialisent pas dans le même domaine que ceux∙celles-ci mais qui seraient curieuxses d’en apprendre plus sur un sujet nouveau. C’est pourquoi, il est important qu’une personne joue le rôle du∙de la médiateurrice.

Vous pouvez par exemple envisager une vulgarisation en parallèle ou en simultanée par la personne qui mènera l’entretien. Son but ultime est de faire en sorte que la personne interviewée soit comprise par les auditeurrices.

QUELQUES CONSEILS POUR MENER L’ENTRETIEN

  • Renseignez-vous sur le sujet de recherche de votre invitée. Le fait de comprendre dans les grandes lignes le sujet, vous permettra de pouvoir recadrer et expliciter certains des points avancés pour les rendre intelligibles pour les auditeurrices les plus novices.
  • Informez-vous sur les travaux de recherche de votre invitée. En effet, si vous avez pu lire leurs thèses, vous pourrez poser des questions d’autant plus pertinentes et approfondies. Cela pourra enrichir l’échange et donner du contenu précis et pointu aux auditeurrices
  • Préparez bien vos questions et les objectifs de l’entretien pour permettre à l’intervenante d’être lela plus claire possible dans ses pensées. Éviter les questions trop larges, et préférer les questions précises afin d’éviter de trop long apartés.
  • N’hésitez pas à vulgariser. Votre invitée est une spécialiste et c’est son rôle d’aborder le vif du sujet. Cependant, ilelle manque parfois du recul nécessaire et peut considérer une référence à un⋅e auteur⋅rice, un sigle ou un fait comme une évidence. Vous pouvez également leur demander d’expliciter leur propos si vous ne vous sentez pas à l’aise avec le fait de le réexpliquer vous-même.

Enfin, comme dit plus haut, vous pouvez faire débattre deux ou plusieurs intervenantes. Pour assurer le bon déroulé de l’échange, vous pouvez : 

  • Cadrer en amont les échanges des intervenantes pour éviter les dérapages
  • Arbitrer les temps de parole : lors d’un débat, il peut être difficile de s’arrêter dans son idée et les modes d’expression peuvent parfois devenir virulents. Il revient alors à l’animateur⋅rice de calmer le jeu et s’assurer que chaque participant⋅e puisse avoir son temps de parole.

Voilà, vous savez ce que peut induire la création d’une émission radio de vulgarisation scientifique. À vous maintenant de vous lancer si ce format vous convient. Et n’hésitez pas à vous rapprocher d’autres radios étudiantes pour savoir comment elles se sont construites et comment elles fonctionnent si vous avez besoin d’inspiration.