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Fiches pratiques

Créer un jardin partagé

Jardin partagé, communautaire, collectif, citoyen, ouvert, pédagogique, etc., les qualificatifs sont nombreux pour parler de ces potagers, créés et entretenus par les habitant⋅e⋅s d’un même quartier. Cependant, ces jardins peuvent aussi être conçus et mis en place au sein de votre campus et si l’idée vous en dit on vous donne ici quelques pistes pour créer votre jardin partagé. 


Définir le projet

D’abord petit rappel de ce qu’est un jardin partagé : « On entend par jardins partagés les jardins créés ou animés collectivement, ayant pour objet de développer des liens sociaux de proximité par le biais d’activités sociales, culturelles ou éducatives et étant accessibles au public » selon la définition du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie français.

Quelques questions peuvent vous aider à définir plus précisément votre projet : 

  • quel(s) public(s) voulez-vous accueillir dans votre jardin : étudiant⋅e⋅s, personnel⋅le⋅s de l’université, riverain⋅ne⋅s…?
  • Comment imaginez vous votre jardin ? Quelle taille souhaitez-vous pour votre jardin ? 
  • Où est-ce que vous souhaiteriez créer votre jardin ? 
  • Quelles structures ou services peuvent vous aider dans votre démarche (CROUS, services universitaires, associations…) ? 
  • Que souhaitez-vous planter dans votre jardin ? Des légumes et des fruits ? 
  • Comment imaginez vous l’organisation et le fonctionnement de votre jardin ? 


Trouver le terrain

PORTER UNE ATTENTION AUX CARACTÉRISTIQUES DU TERRAIN 

Pour commencer, il vous faudra trouver un terrain pour votre jardin partagé. Pour le choisir quelques données peuvent être utiles à prendre en compte : à qui appartient le terrain ? Pouvez-vous obtenir une autorisation pour l’exploiter ? Quelles sont les possibilités qu’offre le terrain? Et quelles sont ses limites ? Plus précisément la qualité de la terre et de l’ensoleillement sont-elles suffisantes pour permettre à vos plantations de pousser dans les meilleures conditions ? Le terrain est-il suffisamment grand ? La culture se fera-t-elle dans le sol ou hors sol, avec des bacs par exemple ? 

Vous pouvez aussi essayer d’imaginer l’agencement que vous souhaitez lui donner, les différents espaces et les équipements fixes (abri, entrée, circulation…). 

OBTENIR LE DROIT D’EXPLOITATION 

Pour trouver une parcelle, n’hésitez pas à vous tourner vers les services techniques de votre établissement. En effet, sans soutien de celui votre projet risque rapidement de tomber à l’eau puisque si vous souhaitez vous installer sur votre campus, le développement et la pérennité de votre projet dépendra grandement de son soutien. Ainsi, commencez par identifier vos interlocuteur⋅rice⋅s privilégié⋅e⋅s : services techniques, CROUS, direction, éventuellement professeur⋅e⋅s ou étudiant⋅e⋅s représentant⋅e⋅s élu⋅e⋅. Si vous vous sentez perdu⋅e⋅s, n’hésitez pas à contacter l’animateur⋅rice de réseau Animafac de votre ville qui peut avoir des contacts utiles au sein des établissements d’enseignement supérieur. Notez que le processus administratif est souvent long. En cas de refus, n’hésitez pas à vous tourner vers des structures hors de votre campus (mairie, propriétaires privé⋅e⋅s, bailleur⋅se⋅s public⋅que⋅s). Dans les deux cas, veillez à rédiger une convention de partenariat pour fixer les règles de celui-ci (quelles responsabilités incombent à chacune des parties, qui assure quoi, etc.). 

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter le réseau des Jardins partagés.


Trouver des financements

Votre jardin partagé engendrera probablement des frais : l’entretien du terrain, les travaux de construction éventuels, le matériel de jardinage, etc.,  sont autant de dépenses à prévoir. Par conséquent, pour fonctionner, votre projet aura besoin de financements. Orientez-vous par exemple vers le FSDIE de votre université, ou encore le CROUS. 


Se structurer

CONSTITUER UNE ÉQUIPE

Si vous envisagez de créer votre jardin partagé sur votre campus pour du long terme, l’idéal est de constituer une équipe permanente qui sera chargée de la gestion et du bon fonctionnement du lieu. Généralement, les équipes sont constituées d’une dizaine de membres afin de pouvoir répartir les tâches de façon égale et d’éviter à seulement quelques personnes d’être surchargées. Bien entendu, vous pourrez toujours recruter des bénévoles au fur et à mesure. 

CRÉER UNE ASSOCIATION 

Pour gérer votre jardin et notamment recevoir des fonds et régler les frais occasionnés par celui-ci (achat de matériel, de terre, etc), et pour pouvoir assurer votre jardin, vous pouvez créer une association.

Les statuts et le règlement intérieur que vous rédigerez fixeront ainsi les règles de fonctionnement et d’organisation du jardin partagé. 


Définir les règles du jardin

Une fois que vous aurez réglé les questions administratives et financières, pensez à définir les règles du fonctionnement du jardin partagé : quand est-il accessible ? Par qui ? Toute personne intéressée ou les adhérent⋅e⋅s de votre association ? Quelles sont les règles de fonctionnement ? Qui fait quoi ? Et quand ? Comment allez-vous vous organiser ? Est-ce que vous souhaitez vous répartir les tâches par actions ou par demi-journée ? etc. 

De plus, étant donné que votre jardin partagé se situe au sein de l’université, vous aurez probablement à rédiger un règlement intérieur et une charte de la sécurité. En effet, vous devrez respecter certaines règles pour éviter les risques d’incendie notamment : interdiction d’allumer des feux ; horaires d’ouverture fixés sur ceux de votre établissement, etc.   


Aménager le jardin

PRÉPARER LE TERRAIN

Une fois le lieu défini, s’il n’est pas toute de suite prêt à être utilisé en tant que jardin, préparez le terrain : débarrassez tout ce qui est inutile, nettoyez éventuellement, vérifier ou apporter de la terre végétale et viable, vérifier l’apport en eau sinon créer une installation ou un système.

S’ÉQUIPER DE BONS OUTILS

Des outils de jardin vous seront nécessaires pour votre exploitation : sarcloir, croc, serfouette ou encore fourche seront vos meilleur⋅e⋅s allié⋅e⋅s. Pour se faire, vous pouvez demander à votre équipe de récupérer des outils qui ne sont plus utilisés auprès de leurs proches. Vous pouvez également faire un appel à dons sur votre campus. Si vous ne trouvez pas, il existe également des sites de dons d’objets comme Donnons. Constituez-vous ainsi une collection d’outils durables sans débourser trop de sous. 

PAILLER LE JARDIN

Après avoir récolté vos outils, vous pouvez commencer à aménager votre jardin en fonction des techniques de jardinage ou expérimentations que vous aurez choisies collectivement (rotation des cultures, culture bio, permaculture…). Par ailleurs, si vous souhaitez éviter d’utiliser des pesticides et rendre votre jardin respectueux de l’environnement, tapissez les espaces que vous souhaitez préserver avec un paillage organique (à base de pailles, de branches ou d’écorces broyées). Ce dernier limite l’évaporation de l’eau et protège vos zones de plantations du froid et de la chaleur. Le tapis organique se transforme en engrais lorsqu’il se décompose.

Enfin, si vous souhaitez aller plus loin, vous pouvez apprendre à mieux connaître mauvaises herbes et insectes pour les intégrer à votre culture, car ils peuvent même vous rendre service (les coccinelles par exemple pourront se débarrasser de vos pucerons).

Terre vivante fournit plein de conseils pratiques sur le jardinage écologique et des forums actifs pour échanger sur des sujets divers. 

GÉRER LES RESSOURCES 

Pour cultiver votre jardin partagé, vous aurez besoin d’eau, d’énergie et de différentes matières premières. La gestion de ces ressources et déchets a une incidence importante sur l’environnement, mais que vous pouvez maîtriser.

GÉRER VOTRE ACCÈS À L’EAU

L’accès à l’eau sera vital pour votre jardin. Plus écologique, plus économique, vous pouvez aussi récupérer l’eau de pluie pour arroser vos légumes. Si vous habitez une région où il n’y a ni pluie, ni puits, ni récupération possible, des solutions alternatives existent pour limiter votre consommation en eau comme l’arrosage au goutte à goutte par exemple.

FAIRE UN COMPOST

Pour rendre vos sols ou vos bacs de terre fertiles, plutôt que les fertilisants minéraux achetés, vous pouvez utiliser du compost. Ce procédé 100 % naturel qui transforme la matière organique en un produit comparable à l’humus permet de nourrir les plantes en leur apportant les nutriments dont elles ont besoin, au moment où elles en ont besoin. Pour le récupérer vous pouvez par exemple récupérer les restes alimentaires des cantines et autres réfectoires en partenariat avec votre établissement et le CROUS. Attention, tous les aliments ne sont pas compostables : seuls les fruits et légumes (et les agrumes en faible quantité) pourront l’être. Prévoyez deux bacs aérés au fond du jardin, l’un pour stocker les déchets organiques végétaux que vous aurez récupérés, l’autre pour les composter (en alternant des couches de déchets végétaux, animaux et de terre). Mélangez et aérez régulièrement. Pour en savoir plus sur le compost, vous pouvez consulter la fiche suivante sur Terre Vivante.

Enfin, si la qualité de votre terrain laisse à désirer, suivez l’exemple du jardin partagé Appellation Origine Campus à Bordeaux en plantant moutarde, consoude et sarrasin pour permettre à vos buttes de bien passer l’hiver .Gestion de la flore sauvage et des cultures, protection naturelle des ravageurs et maladies, retrouvez plein de repères écologiques dans le guide méthodologique Le jardin des possibles.

SEMER ET RÉCOLTER

Ça y est, votre jardin est maintenant prêt à accueillir vos semis. Pour savoir quand semer et quand planter au printemps, la carte climatique et surtout le calendrier des travaux du jardin sur Terre vivante seront des outils précieux.

En attendant la deuxième année avant de récupérer vos propres graines, n’hésitez pas à faire appel aux services techniques de la mairie ou à d’autres jardins partagés pour troquer des graines en échange d’un coup de main. Rendez-vous sur le site de Kokopelli ou Graines de troc qui militent pour des semences libres et reproductibles.

Si vous voulez que des légumes se retrouvent dans votre assiette, une présence régulière au jardin sera nécessaire. Pour permettre à chacun⋅e de s’y retrouver, mettez en place un calendrier pour l’arrosage et autres menus travaux. Pour communiquer au quotidien et ne pas refaire les mêmes choses, une ardoise laissée dans le jardin peut aussi être un bon moyen d’échange.


Animer votre réseau

Trop souvent négligées, les actions de communication et de sensibilisation sont fondamentales pour que votre projet vive, mûrisse, s’enrichisse. Profitez de l’hiver et de ses activités intérieures pour préparer de telles initiatives.

COMMUNIQUER

Pour attirer du monde parlez de votre initiative aux étudiant⋅e⋅s de votre campus. Invitez-les pour une visite… ou une Disco soupe. Pensez à placer une pancarte ou un panneau à l’entrée pour indiquer sa présence. En effet, cela attirera davantage de monde si votre jardin est visible et identifiable. Vous pouvez aussi créer et animer une page Facebook pour partager l’évolution du jardin grâce à des photos des plantations par exemple. Indiquez-y aussi les heures d’ouverture, l’adresse, les activités proposées, les appels à bénévolat, etc. N’hésitez pas à cultiver le partage. Il est intéressant de créer des partenariats entre jardins sur la base d’échanges de bonnes pratiques et de récolter en faisant du troc de graines ou autres.

SENSIBILISER

Un jardin partagé est un lieu d’échanges. Sachez le rendre ouvert au plus grand nombre. S’il n’est pas toujours facile d’attirer des personnes individuelles, vous pouvez intégrer votre jardin dans un projet plus spécifique, en créant par exemple un partenariat avec d’autres associations étudiantes qui sensibilisent à l’environnement. 

Le jardin peut en effet être un bon terrain de jeu pour mener diverses animations. Participation à des programmes de sciences participatives comme l’Observatoire de la biodiversité des jardins, jeux pédagogiques, approche culinaire, il y a plein de façons de faire vivre son jardin !

Voilà, vous savez tout sur comment créer un jardin partagé, il n’y a plus qu’à vous lancer !