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Fiches pratiques

Créer et animer une AMAP

Avant d’arriver dans nos assiettes, les fruits et légumes ont souvent connu bien des péripéties. Plantés loin, ils sont souvent aspergés d’engrais et de pesticides avant d’être cueillis et rangés dans une cagette auprès de ses congénères, puis transportés dans divers avions et bateaux. Quelques milliers de kilomètres plus loin, ils arrivent enfin sur l’étalage d’une grande surface et dans nos foyers. C’est pour pallier à cette longue chaîne de distribution que les AMAP se sont développées. Si vous aussi vous souhaitez rassembler les consommateur⋅rice⋅s responsables de votre quartier, voici quelques pistes pour créer et animer votre AMAP. 


Présentation des AMAP

En 2015, il existait plus de 2000 AMAP à travers la France et leur nombre n’a pas cessé d’augmenter depuis. Les Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP) sont des structures dont le système a pour but la vente directe entre agriculteur⋅rice⋅s locaux⋅ales et consommateur⋅rice⋅s. Chaque semaine, l’AMAP livre un panier de légumes et fruits fraîchement cueillis. Les membres de l’AMAP s’y retrouvent pour prendre leurs victuailles et discuter courgettes et tomates. 

Ce système poursuit plusieurs objectifs : favoriser l’agriculture de proximité pour retisser les liens entre agriculteur⋅rice⋅s et consommateur⋅rice⋅s, supprimer les intermédiaires financier⋅ère⋅s et, à plus large échelle, soutenir une agriculture éthique et responsable, respectueuse de l’environnement.


Créer une communauté

TROUVER DES CONSOMMATEUR⋅RICE⋅S

En tant qu’association de proximité, l’AMAP s’organise à une échelle pertinente et donc locale : quartier, lieu de travail, campus, etc. Cela limite ainsi votre champ de recherche. Commencez par lister tous les espaces où gravitent des publics susceptibles d’être intéressés : maisons des associations, lieux culturels alternatifs, campus universitaire. 

Pensez également à vous inscrire auprès du réseau des AMAP de votre région ou de votre département quand il existe. Tou⋅te⋅s les voisin⋅e⋅s intéressé⋅e⋅s par ce type d’initiatives seront ainsi renvoyé⋅e⋅s vers vous. Les sites du Réseau AMAP et Miramap recensent ainsi les coordonnées des réseaux régionaux et des AMAP créées ou en cours de création.

Le nombre de consommateur⋅rice⋅s n’est pas figé. On estime cependant que, pour que l’opération soit intéressante financièrement pour l’agriculteur⋅rice, il faut au moins 25 participant⋅e⋅s. Attention, toutefois à plus de 50 il deviendra, inversement, difficile de livrer les paniers.

TROUVER UN⋅E AGRICULTEUR⋅RICE 

Il vous faudra ensuite trouver un⋅e agriculteur⋅rice. Durant cette période de recherche, continuez à faire vivre votre groupe en formation, en organisant des moments conviviaux et de rencontres. En effet, si l’attente est trop longue et qu’aucune cohésion n’est créée, certaines personnes sont susceptibles de se désengager. Pour cette raison, la mise en place d’une dynamique dès le départ peut contribuer à renforcer le collectif : projections de documentaires, visites de distributions d’autres AMAP, de fermes biologiques, repas collectifs, etc.

Pour trouver des producteur⋅rice⋅s, vous pouvez commencer par consulter les AMAP voisines.  En effet, l’idéal est de trouver un⋅e producteur⋅rice près de vous, et si il⋅elle participe déjà à une AMAP, c’est qu’il⋅elle est déjà convaincu⋅e et sera susceptible de conclure un partenariat avec vous. En effet, si leur agriculteur⋅rice a suffisamment de récoltes, il acceptera sans doute de conclure un accord avec vous. Si ce n’est pas le cas, contactez votre réseau régional dont le travail est de mettre en relation agriculteur⋅rice⋅s et groupes d’une même zone géographique. Vous pouvez, enfin, déposer une annonce sur le site du groupement des agriculteurs biologiques ou de la Confédération paysanne de votre région.

Attention toutefois, dans certaines grandes villes, cela peut être long. À Paris par exemple, certaines AMAP ont attendu près d’un an et demi avant de trouver un⋅e producteur⋅rice. 

Autre option : s’il n’y a pas assez de personnes intéressées pour prendre un panier et/ou pas d’agriculteur·rice de disponible, vous pouvez vous mettre en lien avec des AMAP déjà existantes pour proposer une mutualisation. En effet, certaines AMAP ont parfois du mal à stabiliser leur nombre d’adhérent·e·s d’une année sur l’autre, trouver de nouveaux·elles consommateurs·rices peut donc leur permettre de maintenir leur activité.


Établir le partenariat

Les AMAP ont pour vocation de soutenir les agriculteur⋅rice⋅s, mais le prix du panier doit satisfaire les deux parties. L’agriculteur⋅rice doit pouvoir se payer un salaire décent et garder quelques économies pour investir sur son exploitation si nécessaire : serres, extension foncière, etc. De l’autre, les consommateur⋅rice⋅s doivent pouvoir bénéficier d’un prix intéressant au risque de les faire fuir. La négociation du prix du panier doit donc aboutir à un contrat entre le⋅la producteur⋅rice et le⋅la consommateur⋅rice.

Les paniers de légumes familiaux (3-4 personnes) hebdomadaires coûtent en général entre 15 et 20 euros. Le contenu dépend de la saison (fini les tomates en décembre !). Si les récoltes du⋅de la producteur⋅rice sont mauvaises, l’AMAP acceptera de se voir livrer moins que prévu. Si les récoltes sont bonnes, il⋅elle partagera cette heureuse fortune en vous donnant plus de victuailles. Pour que l’agriculteur⋅rice ait des fonds garantis, les consommateur⋅rice⋅s lui avancent plusieurs mois de paniers (souvent un semestre). La souscription n’est jamais débitée en une fois car peu de consommateur⋅rice⋅s peuvent se permettre de débourser plusieurs centaines d’euros d’un coup. Les chèques sont encaissés régulièrement, à la semaine ou au mois. Cela se décide avec l’agriculteur⋅rice lors de la réunion amorçant la saison.


Créer la structure de l'AMAP

Une fois que vous avez trouvé des consommateur⋅rice⋅s et un⋅e agriculteur⋅rice, il faudra constituer l’AMAP. Pour cela, vous devrez en effet régler un certain nombre de détails. 

Deux possibilités existent : soit vous créez une association dédiée à votre projet d’AMAP, soit vous faites porter votre projet AMAP par une association déjà existante. 

Pour vous aider, le réseau Alliance Provence,propose des documents de référence d’une qualité inégalée dans son Kit de création des AMAP.

LA CHARTE DES AMAP

Sachez que pour obtenir la dénomination “AMAP” vous devez respecter la Charte des AMAP, votée presque tous les ans. Elle est garante des valeurs portées par le concept, vérifiez bien que tou⋅te⋅s les membres du groupe valident les principes de la Charte avant de poursuivre l’aventure. Celle-ci a pour objectif premier de mettre en avant l’accompagnement et le soutien d’un⋅e agriculteur⋅rice. Si cette tâche vous semble totalement insurmontable et que vous ne souhaitez que consommer des paniers de légumes frais produits en circuit court, ne vous découragez pas : d’autres espaces alternatifs de distribution existent. 

Si le terme AMAP est presque devenu un nom courant désignant des formes d’échanges qui ne respectent pas forcément cette Charte, rappelons cependant qu’il a été déposé par l’association Alliance Provence à l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) en 2003. Usez en donc avec modération.

Si vous souhaitez créer une AMAP sur votre campus, vous pouvez consulter la fiche du REFEDD « Créer son AMAP Campus – Les 5 étapes pour réussir ». 

LES STATUTS DE L’ASSOCIATION

Les associations rédigent leurs statuts pour régler les l’organisation de la structure. Pour des conseils pratiques sur la rédaction des statuts, vous pouvez consultez la fiche suivante « Rédiger ses statuts associatifs ou fédératifs ».

Pour votre AMAP, vous pouvez préciser dans les statuts : le montant des cotisations, le prix des paniers, les périodes de livraison, le fonctionnement, si vous créez spécialement une association. Et si vous souhaitez aller plus loin sur les statuts spécifiques d’une AMAP, consultez la fiche suivante.

LE FONCTIONNEMENT ET LE RÈGLEMENT INTÉRIEUR

L’AMAP est une micro-société. En ce sens elle exige une implication de tou⋅te⋅s ses membres. Pour que la structure tienne, il vous faudra des personnes actives dans l’organisation et le fonctionnement de l’AMAP pour : assurer la permanence téléphonique, gérer les comptes, coordonner et organiser les réunions consommateur⋅rice⋅s-producteur⋅rice⋅s, communiquer les informations nécessaires en interne, distribuer les paniers, etc. Ces postes clefs doivent tourner pour éviter l’épuisement des membres les plus investi⋅e⋅s. 

Les membres qui n’occupent pas ces fonctions doivent au moins s’engager à venir chercher en personne leur panier chaque semaine au local de livraison. De plus, dans les AMPS, les membres ont souvent l’obligation d’assurer une distribution (décharger les légumes du camion et distribuer les légumes à chaque membre), voire deux, dans l’année.


L'organisation de la distribution

LE PANIER

Les AMAP ont pour but de favoriser l’agriculture de proximité. Pour le reste, à vous de choisir le type d’agriculture (labellisée bio ou pas), le cahier des charges (dispositif d’insertion, salaires des employés, etc.), le type de denrées proposées (fruits, légumes, voire viande, fromages et miel). S’il est important de définir certaines exigences, vos choix ne seront, au final, pas si nombreux. Dans certaines régions, comme l’Ile-de-France, il est très difficile de trouver des agriculteur⋅rice⋅s et ces derniers sont soumis à la saisonnalité des produits, contrainte naturelle que la grande distribution nous avait fait oublier.

LE LIEU

Il vous faut trouver un local qui puisse accueillir, chaque semaine, une trentaine de personnes et autant de cagettes et sacs de denrées. Le lieu doit également être facilement accessible afin que les livraisons puissent se dérouler sans encombre. Le pari n’est pas toujours aisé et les AMAP existantes ont dû faire preuve d’inventivité : restaurants, théâtres, cafés, locaux associatifs, etc.

Si régler tous ces détails seul⋅e⋅s vous effraie, demandez l’appui du réseau régional. Ce dernier peut s’organiser pour envoyer un⋅e permanent⋅e lors de votre première réunion afin de vous aider à lister les points importants.


Faire vivre l'AMAP

Une fois la machine en marche, il est bien de trouver des moyens de maintenir les liens, à la fois entre les consommateur⋅rice⋅s, mais aussi entre consommateur⋅rice⋅s et agriculteur⋅rice⋅s.

ENTRE LES CONSOMMATEURRICES

Les réunions hebdomadaires pour chercher les paniers sont, certes, un bon moyen de nouer des contacts. L’animation des réunions est donc essentielle. Vous pouvez organiser des apéros de découverte autour de denrées rares : vins biologiques, bière des faucheurs d’OGM, quinoa, etc. Les perspectives d’animation sont infinies : vous pouvez aussi créer des communautés en ligne comme Facebook pour permettre aux consommateur⋅rice⋅s de partager des bons plans cueillettes, recettes ou pour s’entraider. 

ENTRE CONSOMMATEURRICES ET AGRICULTEURRICE

Comme les consommateur⋅rice⋅s, l’agriculteur⋅rice est présent⋅e chaque semaine pour livrer les paniers. Conviez-le⋅la à s’attarder avec vous et n’hésitez pas à l’interroger sur les légumes que vous allez déguster pendant la semaine. Outre ce rendez-vous hebdomadaire, il est bien de prévoir au moins deux visites annuelles à la ferme/aux champs. Quelques fois, l’agriculteur⋅rice pourra même faire appel aux membres de l’AMAP qui le souhaitent pour obtenir un peu d’aide : montage d’une serre, désherbage de printemps, etc. Il pourra ainsi vous faire découvrir son domaine, ses cultures et son quotidien. Ces rendez-vous sont l’occasion d’atteindre l’une des finalités de l’AMAP. 

Et voilà, vous savez comment créer et animer une AMAP, si vous avez envie d’en créer une, c’est à vous de jouer !